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Shaye
Aujourd'hui, Alkarama a annoncé que le Prix Alkarama pour les défenseurs des droits de l'homme sera décerné cette année à l'éminent journaliste yéménite Abdulelah Haider Shaye. « Shaye personnifie la lutte contre les abus des droits de l'homme commis par les autorités américaines et yéménites dans le cadre de leur « guerre contre le terrorisme », a déclaré Rachid Mesli, le Directeur du département juridique d'Alkarama. Et d'ajouter : « Sans son travail d'enquête courageux et précurseur sur les frappes aériennes américaines au Yémen, le secret sur les effets réels de ces attaques par drones ou missiles sur la population yéménite aurait pu ne jamais être divulgué. C'est précisément à cause de son travail de journaliste que les autorités américaines et yéménites ont pris des mesures drastiques pour le réduire au silence. »

Cette année, la cérémonie de remise du Prix Alkarama 2013 aura lieu vendredi 6 décembre 2013 au Centre œcuménique à Genève.

A propos du Lauréat 2013

Abdulelah Heidar Shaye est un journaliste yéménite de 36 ans reconnu parmi ses pairs et les militants des droits de l'homme pour son travail sur les frappes aériennes américaines au Yémen, son expertise sur Al-Qaida et sur les questions de sécurité nationale. « Il a collaboré avec plusieurs médias, notamment le Washington Post, ABC News, le New York Times qui lui ont accordé toute leur confiance », a déclaré Jeremy Scahill, journaliste au magazine The Nation.

Shaye a été le premier journaliste à enquêter sur l'attaque aérienne du 17 décembre 2009 sur le village d'Al-Maajala, à Abyan et à dénoncer la mort de 55 civils, notamment 14 femmes et 21 enfants. Harcelé, calomnié et détenu, Shaye a été victime à de nombreuses reprises de représailles pour son courageux travail de journaliste.

Il a été arrêté et interrogé la première fois le 10 juillet 2010 suite à une interview qu'il a accordée à Al-Jazeera. Il a ensuite été arrêté une seconde fois le 16 août 2010 par une douzaine de soldats yéménites, détenu à l'isolement pendant deux mois dans des prisons contrôlés par les services de sécurité à Sanaa, interrogé et torturé à de nombreuses reprises.

« Un journaliste, pas un terroriste... Sa plume pour seule arme ! »

Shaye releaseLe 26 octobre 2010, Shaye a été présenté devant la cour de la sécurité nationale yéménite. C'est dans une cage placée à l'intérieur de la salle d'audience qu'il a écouté le juge lire la longue liste d'accusations liées à de prétendues activités terroristes avant de répondre : « Lorsqu'ils ont couvert les assassins des enfants et des femmes à Abyan, lorsque j'ai révélé les emplacements des camps de Bédouins et de civils à Abyan, Shabwa et Arhab, lorsqu'ils allaient être frappés par des missiles de croisière... C'est ce jour-là qu'ils ont décidé de m'arrêter. (...) Ils ont transformé toutes mes contributions journalistiques en accusations."

En janvier 2011, suite à un procès inéquitable, Shaye a été condamné à cinq ans de prison et une interdiction de voyager de deux ans sur des accusations liées au « terrorisme ».

Sa condamnation a provoqué une grande vague de protestations parmi les chefs de tribus, les militants et les organisations des droits de l'homme ainsi que les journalistes locaux et internationaux. Nombre d'entre eux ont protesté pendant plusieurs mois contre l'iniquité de son procès et se sont fortement mobilisés à l'issue de sa condamnation. Iona Craig, journaliste au Times qui a assisté au procès de Shaye a déclaré : « Avec la nette augmentation des frappes aériennes du gouvernement et les attaques récentes par des drones américains, le Yémen a besoin de journalistes comme Shaye pour décrire la réalité de la situation. » L'ampleur de la vague de mobilisation pour sa libération a conduit l'ancien président Ali Abdullah Saleh à émettre une décision de pardon en faveur du journaliste plusieurs semaines après sa condamnation. Cependant, cette décision n'a jamais été appliquée du fait de pressions exercées par les autorités américaines.

Le 23 juillet 2013, Shaye a enfin été libéré de la prison de la sécurité politique à Sanaa suite à une amnistie présidentielle mais n'est toujours pas autorisé à quitter Sanaa.

Les lauréats précédents sont : Dr Mohammed Al-Roken (Emirats arabes unis), Dr Saud Al-Hashimi (Arabie saoudite), Dr Aida Seif Al-Dawla (Egypte), Dr Saud Bin Zair (Arabie saoudite), Haitham Al-Maleh (Syrie), and Abdennour Ali Yahia (Algérie).

Pour plus d'informations sur le lauréat 2013 ou pour participer à la cérémonie de remise du Prix Alkarama 2013, contactez-nous à :: award@alkarama.org / +41 22 734 10 06

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