Alkarama a participé à la pré-session de l'Examen Périodique Universel qui s'est tenue le vendredi 29 novembre au Centre International des Conférences de Genève pour y présenter sa contribution sur la situation des droits humains au Yémen.
Cet événement préparatoire de la 18ème session du Groupe de Travail de l'EPU qui se tiendra du 27 janvier au 7 février 2014 à Genève a permis aux ONG ayant participé au processus de rappeler leurs recommandations aux délégations gouvernementales avant l'examen de l'État concerné.
Alkarama, Human Rights Watch, le Cairo Institute for Human Rights, Save the Children et le Human Rights Information Training Center ont donc présenté leurs contributions respectives aux 19 États présents à cette réunion, dont notamment l'Union Européenne, les États-Unis, le Yémen, et le Brésil.
Alkarama a saisi cette occasion pour saluer les actions du Ministère des Droits de l'Homme du Yémen dans ses efforts visant à la mise en œuvre des recommandations du précédent examen périodique universel, ainsi que son attitude inclusive vis-à-vis de la société civile lors de la période de préparation du rapport national. La libération de 22 détenus des jeunesses révolutionnaires sur les 47 mentionnés dans la contribution de notre organisation suite à une grève de la faim avec laquelle s'était solidarisée la Ministre des Droits de l'Homme, Madame Houria Mashhoor, constitue un premier pas, Alkarama appelant à la libération des 25 personnes qui restent détenues et celle des 17 autres dont on reste sans nouvelles.
En dépit de ces avancées, Alkarama reste préoccupée par la poursuite de la politique d'exécutions extrajudiciaires menée par les États-Unis avec l'aval du gouvernement Yéménite, ainsi que l'absence de suites données aux différentes demandes d'enquêtes exprimées par la société civile sur ces graves atteintes au droit à la vie. Ces attaques, menées par des drones américains ont notamment été condamnées par la Conférence de Dialogue Nationale, instance actuellement en charge de réviser le projet de la future constitution du pays et qui appelle à la criminalisation de cette pratique.
Alkarama a également exprimé ses préoccupations concernant le sort du journaliste Abdelillah Hayder Shaye, qui malgré sa libération en août 2013, continue d'être l'objet de pressions constantes des services de sécurité yéménites et ne peut à ce jour se déplacer librement hors de la capitale Sana'a. Alkarama a enfin réitéré ses graves préoccupations concernant l'impunité dont bénéficiaient les auteurs de torture dans les différents centres de détention du pays, et a appelé à l'annulation des lois d'amnistie pour les responsables des violations consécutives aux manifestations pacifiques de 2011.
Soulignant la responsabilité des services de sécurité, notamment la sécurité politique et la sécurité nationale dans les violations graves des droits de l'homme qui ont lieu au Yémen, Alkarama a appelé les délégations présentes à dénoncer leur rôle particulièrement néfaste dans la mise en œuvre des recommandations du précédent examen. Alkarama a enfin rappelé ses recommandations :
1. L'abrogation de la loi d'amnistie du 21 janvier 2012 garantissant l'impunité aux responsables d'atteintes au droit à la vie et autres violations graves commises durant la révolution de 2011.
2. La cessation immédiate de toute exécution extrajudiciaire par les forces yéménites, ou l'autorisation de commettre de telles exécutions à des forces étrangères sur le territoire yéménite.
3. L'ouverture d'enquêtes impartiales et transparentes sur les exécutions extrajudiciaires ainsi que l'ouverture de poursuites pénales à l'encontre de tout responsable d'atteintes au droit à la vie.
4. La mise en œuvre effective par la république du Yémen de toutes les dispositions de la Convention contre la torture, sans exceptions, et notamment l'ouverture d'enquêtes et la condamnation des personnes responsables de tortures et de mauvais traitements.
5. L'octroi de dédommagements adéquats pour toutes les victimes ou ayant droits de victimes de violations graves des droits de l'homme.