Alkarama partage la joie des familles de quatre journalistes yéménites suite à leur libération après huit ans de souffrances et de mauvais traitements dans les prisons houthies, en vertu d’un accord d’échange de prisonniers et de personnes enlevées sous les auspices des Nations Unies et du Comité international de la Croix-Rouge. Cependant cela n’exonère pas les auteurs des violations de leur responsabilité pénale.
Le dimanche 16 avril 2023, la ville yéménite de Marib a été témoin de l’accueil de quatre journalistes libérés condamnés à mort par les autorités houthies : Abdul Khaliq Omran, Tawfiq Al-Mansouri, Akram Al-Walidi et Harith Hamid, rejoignant cinq de leurs camarades précédemment libérés dans le cadre d’un accord similaire d’échange de prisonniers et de personnes enlevées.
Activisme Alkarama
Le 23 décembre 2022, Alkarama a soumis un appel urgent au Rapporteur spécial sur la torture concernant les conditions de vie de Tawfiq Al-Mansouri, Harith Hamid et Abdulkhaleq Omran, journalistes yéménites torturés alors qu’ils étaient détenus dans plusieurs prisons de Sanaa contrôlées par le groupe houthi se faisant appeler « Ansar Allah ».
Ces journalistes ont été enlevés le 9 juin 2015, à Sanaa, par les milices houthies. Après avoir été détenus arbitrairement pendant plusieurs années, dont une longue période de détention au secret, quatre d’entre eux ont été condamnés à mort à l’issue d’un procès inéquitable.
Le 3 septembre 2015, Alkarama a d’abord soumis le cas des neufs journalistes au Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire. Cependant, aucun d’entre eux n’a été libéré, au contraire, ils ont tous été sévèrement torturés et forcés de signer des aveux qui ont été utilisés comme éléments de preuve lors de leur procès et quatre ont été condamnés à mort. Bien qu’ils aient déclaré au juge qu’ils avaient été forcés d’avouer sous la torture, leurs déclarations ont été rejetées.
Après la condamnation à mort, Alkarama s’est adressé d’urgence au Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, exprimant sa crainte qu’ils puissent être exécutés, et récemment, Alkarama a appris de leurs familles qu’ils avaient été sévèrement torturés en prison sous la supervision du chef du Comité des prisonniers houthis, un homme nommé « Abdul Qader Al-Murtada », ce qui a été confirmé par les témoignages documentés des journalistes à leur arrivée dans un avion du CICR.
Torture en présence de responsables houthis
En août 2022, les journalistes Tawfiq Al-Mansouri, Harith Hamid et Abdulkhaleq Omran ont été transférés à l’isolement au premier étage de la prison où ils ont été torturés en présence et sous la direction d’Abdulqader Al-Murtada, de son frère « Abu Shehab Al-Murtada » et de son adjoint « Abu Hussein ».
Les trois journalistes ont été complètement isolés du monde extérieur pendant 45 jours, après quoi ils ont été transférés dans une cellule collective. Chacun portait des signes de torture sur différentes parties de leur corps, et Tawfiq al-Mansouri, qui était le plus touché, avait plusieurs points de suture à la tête. Il a témoigné qu’il avait été frappé à la tête jusqu’à ce que son crâne soit fracturé et qu’il ait dû subir une intervention chirurgicale d’urgence.
Alkarama réaffirme la nécessité de libérer toutes les personnes détenues arbitrairement dans les prisons du Yémen et de mettre fin aux souffrances des personnes disparues et de leurs familles, en particulier les militants politiques à savoir l’éminent homme politique Mohammed Qahtan, qui n’a pas été inclus dans les échanges, et doit être libéré sans condition.
Alkarama souligne la nécessité pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités en obligeant les auteurs de violations des droits de l’homme à rendre des comptes dans le pays afin de mettre un terme au climat d’impunité et ce indépendamment de la volonté de poursuivre la conciliation politique aux dépens de la justice et réparation.