Des témoins qui ont assisté à la scène confirment que des agents des services de sécurité sont arrivés à bord d'une voiture de police devant la maison de Muhayb située dans le quartier de Shamila, à Sanaa. Les agents l'ont arrêté après l'avoir accusé d'avoir organisé des combats à main nue la veille avec des adolescents d'un quartier voisin. Muhayb a alors tenté de s'échapper mais les agents des services de sécurité l'ont mis face contre terre et violemment battu avec la crosse de leurs fusils jusqu'à ce qu'il perde connaissance.
Le père de Muhayb a assisté impuissant à la scène. Lorsqu'il a tenté d'intervenir, les forces de sécurité ont menacé de le battre aussi. Il nous a confié qu'après que son fils a perdu connaissance, ils l'ont jeté dans la voiture, ont démarré et sont partis.
Une heure plus tard, Muhayb était mort.
L'un des agents responsables de la mort de l'adolescent a déclaré : « Sous l'état d'urgence, plus personne ne doit rendre des comptes, pas même en cas de meurtre .
Le père de Muhayb |
Le 18 mars 2011, le président Ali Abdallah Saleh a décrété l'état d'urgence suite aux manifestations pacifiques qui ont débuté au mois de janvier dernier. Les organisations de défense des droits de l'homme et les avocats yéménites se sont empressés de dénoncer la mise en place de cette législation d'exception qu'ils jugent fondamentalement anticonstitutionnelle.
Rachid Mesli, directeur juridique d'Alkarama, a déclaré : « L'annonce de l'instauration de l'état d'urgence par le président Saleh constitue une violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ainsi que des droits fondamentaux tels que le droit à la vie. »
L'article 6 du Pacte stipule : « Le droit à la vie est inhérent à la personne humaine. Ce droit doit être protégé par la loi. Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie. ».
Hood, organisation de défense des droits de l'homme yéménite, nous a confirmé que l'assassinat de Muhayb s'inscrit dans le cadre de l'adoption du décret présidentiel anticonstitutionnel de l'état d'urgence.
Seyaj pour la protection de l'enfance, autre organisation locale, a déclaré que le meurtre de Muhayb Al-Yaouri porte le nombre d'enfants tués dans le cadre des manifestations pacifiques depuis mi-février 2011 à 23.
La détérioration de la situation des droits de l'homme au Yémen reste très préoccupante d'autant que les autorités continuent de répondre aux mouvements de contestation par un usage excessif de la violence à l'encontre des manifestants pacifique.
Alors que le bilan humain s'alourdit de jour en jour, Alkarama continue de soumettre des cas d'exactions commises par les autorités tels que celui de Muhayb au Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires.