Arrêté le 26 décembre 2005 par les fameux services de renseignement saoudiens (Al-Mabahit), détenu sans procédure légale depuis six ans sans jamais avoir été présenté devant un juge, cellule d'isolement, tortures en détention.... L'histoire d'Abdullaziz Al-Barahim pourrait ressembler à celle de ces milliers d'autres citoyens saoudiens qui peuplent les geôles du Royaume. A ceci près qu'Abdulaziz est handicapé de naissance.
Abdulaziz Al-Barahim, un Saoudien de 37 ans, handicapé de naissance, a été arrêté par les services de renseignement saoudiens chez lui à Al-Khadra dans la province d'Al-Qassim. Il a été emmené à Riyad avant d'être transféré à la prison d'Al-Qassim où il reste encore détenu aujourd'hui. Cela fait six ans qu'Abdulaziz Al-Barahimest est détenu arbitrairement dans des conditions déplorables et inadaptées à son handicap: non seulement il ne bénéficie d'aucun traitement différencié et adapté à sa condition mais en plus il a été victime de mauvais traitements en détention. Sa famille s'interroge encore sur les raisons pour lesquelles les autorités saoudiennes détiennent une personne souffrant d'un handicap physique et qui ne représente de toute évidence aucune menace pour la sécurité nationale ou la société.
Depuis juin dernier, les autorités pénitentiaires n'autorisent plus sa famille à prendre contact avec lui, prétextant qu'il ne veut pas leur parler. Loin de croire en la version officielle, les proches d'Abdulaziz Al-Barahim craignent que cette détention incommunicado ne soit synonyme de tortures et que les autorités saoudiennes refusent délibérément de leur accorder un droit de visite afin de dissimuler les mauvais traitements dont il est victime.
Aussi, sa famille a décidé de porter plainte auprès du Conseil des doléances (Diwan Al-Madhalim), tribunal administratif saoudien, pour demander à ce que la victime soit placée sous la protection de la loi. L'avocat de la famille reste toutefois sceptique quant à l'aboutissement d'une telle procédure contre les services de renseignement saoudiens, du moins dans un futur proche, car selon lui, les plaintes contre ce service peuvent rester en attente dans le bureau du Conseil des doléances pendant plusieurs mois sans que celui-ci ne rende de décisions.
Alkarama, qui partage les craintes de la famille sur le risque de tortures qu'encourt M. Al-Barahim a soumis aujourd'hui son cas en urgence au Rapporteur spécial sur la torture. Nous lui demandons d'intervenir auprès des autorités saoudiennes pour qu'elles libèrent la victime ou la placent sous la protection de la loi en lui garantissant des conditions de détention adaptées à son handicap, en conformité avec la Convention relative aux droits des personnes handicapées, ratifiée par l'Arabie saoudite le 24 juin 2008.