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Alkarama exprime sa consternation et sa profonde préoccupation suite à la décision de la Cour de cassation égyptienne sur les condamnations à mort prononcées à l'encontre de 12 personnes. Ces personnes sont  des dirigeants du groupe des " Frères musulmans " en Egypte, arrêtés dans le cadre de l'affaire du sit-in de Rabaa en 2013, après des procédures arbitraires prolongées et des procès dépourvus des garanties essentielles de justice. Alkarama a suivi cette affaire de très près et a engagé plusieurs procédures au niveau des Nations unies.
Des organismes des droits de l'homme et des sources de presse ont rapporté que la Cour de cassation a confirmé la condamnation à mort de 12 accusés, dont Safwat Hegazy, Mohamed El Beltagy, Eissam El-Aryan et Abdel Rahman al-Bar, notant que l'appel avait expiré pour Eissam El-Aryan suite à son décès. La Cour a par ailleurs décidé de réduire les peines de 31 accusés, de l'exécution à la prison à vie.
Alors que les tribunaux égyptiens n'ont connu la condamnation d'aucun responsable des services de  sécurité ou de l'armée pour les meurtres de manifestants à Rabaa et Al-Nahda, la Cour pénale égyptienne a condamné à mort, en 2018, 75 partisans du défunt président Mohamed Morsi. Les peines prononcées par le tribunal comprenaient 15 ans d'emprisonnement pour 374 partisans et 10 ans d'emprisonnement pour Osama Morsi (fils du défunt président), et 5 ans pour 215 accusés, tandis que le tribunal a maintenu la peine de la prison à vie (25 ans) pour 47 accusés dans cette affaire, dirigée par le guide du groupe, Mohamed Badie.

Activité d'Alkarama
Début février 2018, Alkarama a été informée que 15 dirigeants du mouvement d'opposition égyptien, issus des Frères musulmans, avaient été arrêtés suite à des efforts coordonnés des services de sécurité de l'Etat. Parmi les principales personnalités du groupe des "Frères musulmans"  qui ont été  arrêtées,  figuraient Mahmoud Ezzat, Dr Eissam El-Aryan et  Dr Abdel-Rahman Al-Bar.
Le 18 mai 2015, Alkarama a soumis un appel urgent au Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires concernant la condamnation à mort de feu le Président Morsi, ainsi que de 105 autres personnes dans l'affaire de " l'évasion de la prison de Wadi al-Natrun " en 2011. Cette décision est intervenue malgré la décision du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, qui a appelé à sa libération, affirmant que "priver Morsi et ses conseillers de liberté est arbitraire."
La décision a été rendue suite à une plainte déposée par Alkarama le 10 juillet 2013, dans laquelle elle explique que la détention de Morsi et de ses conseillers constitue non seulement une violation de leur droit à la liberté et à la sécurité, mais aussi une violation au niveau des procédures de procès équitable, et demande l'intervention de l'équipe de l'ONU pour les protéger de la torture et assurer leur libération.
Une peine de 20 ans de prison avait  été prononcée à l'encontre de Morsi et d'un groupe de ses conseillers en avril 2015 dans l'affaire connue dans les médias sous le nom d'"événements d'Etihadiya", et la Cour pénale du Caire l'a condamné à mort dans cette nouvelle affaire, malgré les nombreuses violations des procédures judiciaires, le même jugement qu'elle a prononcé à l'encontre de 105 autres personnes dans la même affaire, dont Muhammad Badie, le leader principal des Frères musulmans, Mohamed El Beltagy, secrétaire général du Parti de la justice et de la liberté, et Safwat Hegazy.
Parmi les condamnés dont la peine de mort a été confirmée par la Cour de cassation, figure l'opposant politique et dirigeant des Frères musulmans, le Dr Eissam El-Aryan, dont le décès a été annoncé le 13 août 2020, dans sa détention à la célèbre prison Aqrab, à la suite d'une crise cardiaque.
Eissam El-Aryan a été arrêté le 30 octobre 2013, au lendemain du coup d'État militaire mené par l'armée égyptienne dirigée par Abdel Fattah Al-Sisi, et de nombreuses accusations ont été portées contre lui, et des peines injustes ont été prononcées contre lui, y compris la perpétuité, après des procès dépourvus de normes équitables de justice. Alkarama a suivi certaines des violations dont il a fait l'objet sous l'autorité d'autres dirigeants dont l'ancien président Hosni Moubarak.

Les condamnés à mort étaient accusés d'avoir tué des policiers lors de la dispersion des sit-in de Rab'a et d'al-Nahda le 14 août 2013, qui a coûté la vie à un millier de manifestants, pour lesquels aucun responsable n'a fait l'objet d'une enquête. Le 11 octobre 2013,  Alkarama a déposé une plainte auprès du Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires au sujet du meurtre de 985 manifestants par l'armée et les forces de sécurité, lors de la dispersion par les autorités du sit-in sur la place Rabaa Al-Adawiya, notant que l'armée et les forces de police ont utilisé des balles réelles à l'époque et ont  tiré sans discernement et intensément dans le but de tuer, sans menaces directes de la part des manifestants. Alkarama a mis en garde à plusieurs reprises contre les dangers de l'impunité pour les meurtres de manifestants, les arrestations arbitraires et la torture en Égypte, tandis que les organes de l'ONU ont exigé que les responsables des meurtres des manifestants soient tenus pour responsables, mais en vain.
Les autorités issues des événements du coup d'État militaire en Égypte ne se sont pas contentées de réprimer les dirigeants de l'opposition politique, elles ont également exercé des représailles contre les proches des victimes. Dans ce contexte, Alkarama a adressé le 24 septembre 2015 un appel urgent au Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires concernant la disparition de Khaled Mohamed El Beltagy, 17 ans, après son enlèvement par les " forces de sécurité " égyptiennes le 22 septembre 2015. C'est la deuxième fois qu'il a été enlevé et détenu en secret en moins d'un an.