Depuis le début des événements le 15 mars 2011, les autorités syriennes répriment violemment les défenseurs des droits de l'Homme et les activistes politiques en procédant à des arrestations et à des enlèvements massifs dans l'impunité la plus totale. Moaz Al-Khatib avait déjà fait l'objet d'une précédente arrestation le 29 avril 2011 pour le rôle qu'il a joué lors des manifestations mais avait été relâché le lendemain.
A l'occasion d'une interview donnée à Al-Jazira le 23 mars 2011, Moaz Al-Khatib avait appelé à la cessation des violences perpétrées par les services de sécurité. Quelques jours plus tard, à l'occasion d'un enterrement à Duma, il déclarera dans une volonté de rassemblement et d'apaisement que « nous, Sunnites, Chiites, Alawites, Druzes, Ismaéliens, Arabes, Kurdes, nous sommes un seul corps. Je vous dis que les Alawites sont plus proches de moi que beaucoup de gens ; je connais ces villages où eux aussi vivent dans la misère et l'injustice. Nous parlons librement pour tout les Hommes de ce pays ».
Car si les Sunnites 74% de la population, c'est la minorité Alawite qui détient les commandes du pays et en particulier les corps supérieurs de l'armée et des services de renseignement depuis l'accession au pouvoir de Hafez Al-Assad en 1971 ; cette situation est source d'un ressentiment croissant du reste de la population.
Le 12 mai 2011, Alkarama a saisi le Rapporteur spécial sur le droit à la liberté d'expression et d'opinion de l'ONU d'un appel urgent pour l'informer des persécutions dont Moaz Al-Khatib est victime en raison de ses positions politiques pacifiques et de ses interventions médiatiques.
Le Conseil des droits de l'Homme a par ailleurs récemment adopté la résolution S16-1, qui appelle les autorités syriennes à « cesser immédiatement toute intimidation, persécution ou arrestation arbitraire d'individus, y compris d'avocats, de défenseurs des droits de l'Homme et de journalistes ».
Alkarama appelle le gouvernement syrien à respecter cette résolution et à prendre les sanctions adéquates à l'encontre de ceux qui empêchent les défenseurs des droits de l'Homme d'exercer leur droit légitime à la liberté d'expression.